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À CIEL OUVERT #4

 

Comme chaque année depuis quatre ans, nous avons organisé une journée ouverte au public, nous y avons invité les artistes qui ont effectué une résidence d'écriture, de recherche et de création à revenir parler de leur travail, de leur recherche. Il et elles nous ont partagé leurs questions, leurs problèmes, leurs doutes, leurs essais, leurs trouvailles. 

Lors de ces journées, il ne s'agit pas de montrer des formes finies mais des trajectoires, des lignes qui se tracent chaque jour.

Il s'agit de montrer le travail en train de se faire.

 

Nous avons projeté le film Préambule, une réalisation collective d'une équipe de l'UPCP-Métive (Union pour la culture populaire en Poitou-Charentes et Vendée) sous la conduite de Pierre Gurgand. 

Se rassembler autour du travail et des personnes qui font de ce lieu ce qu'il est, c'est aussi une fête, nous nous sommes retrouvé·es ensuite autour d'un repas partagé et d'un concert du groupe Nonobsthan Orchestra.

En résidence tout le mois de septembre, Agathe Bedard est venue pour poursuivre et approfondir l’écriture de son film suite à plusieurs mois de repérage à Mayotte où elle s'est rendue entre février et mai 2024.

Lors de cette rencontre, elle nous a partagé ses recherches ainsi que des documents sonores issus de ses enregistrements lors de ses repérages.

En 2019, je me suis installée à Mayotte. J’y ai habité pendant deux ans. Je travaillais dans un collège comme documentaliste. À mon arrivée, je me souviens avoir été saisie dans les rues, à l’école, dans les regards et les histoires que j’entendais, d’une sensation d’étrangeté. J’étais projetée sur une île aux identités tiraillées et je découvrais l’écart immense entre ma présence jamais discutée de muzungu – « métropolitaine » blanche - et la place de mes élèves, de mes voisin.es ou d’amis comorien.nes, sans cesse remise en question et fragilisée, parce que considéré.es comme étranger.es.

À leur contact, je me suis rendue compte combien l’opposition entre « Mahorais » et « Comorien» aujourd’hui complètement acceptée à Mayotte, recoupait des expériences bien plus complexes et entremêlées. Cette fabrication administrative est héritée de l’histoire coloniale très récente. Les jeunes « étranger.es » de Mayotte de ma génération étaient adolescent.es au moment de la départementalisation. Ils et elles sont né.es ou ont grandi à Mayotte, ont fréquenté un système scolaire français et ont été éduqué.es dans les promesses de l’idéal républicain assimilationniste, sans transmission de leur histoire. Et en même temps, ils et elles ont vécu directement la mise en place de politiques migratoires toujours plus restrictives qui ont façonné une partie de leur existence et celle de leur famille.

Alors que j’avais été assaillie d’images et de représentations médiatiques violentes de Mayotte, c’est cette violence plus diffuse qui m’a atteinte. Pendant ces deux années, j’ai un peu mieux compris ce qu’on appelle la colonialité. Tout ce qui perdure dans des espaces colonisés, par les institutions, à travers le langage, dans les lieux et les paysages, dans les relations et en soi. À Mayotte, qui est l’étranger.e ? Qu’est-ce que je faisais là ? Comment raconter, avec les outils du cinéma, cette violence et ces frontières ?

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RENCONTRE AVEC AGATHE BEDARD

 

Réalisatrice de films documentaires

Bat Sheva Papillon est venue en résidence aux mois de mai et juin derniers pour travailler à l’écriture de son film Les plantes compagnes, un portrait de l’écrivain et ethnobotaniste Pierre Lieutaghi.

Lors de cette rencontre, elle nous a présenté des éléments constitutifs de son film, la matière avec laquelle elle travaille, au travers de textes, d’articles, ou d’images. Certains des herbiers de Pierre Lieutaghi étaient exposés, ainsi que des planches du tournage en cours.

Il y a quelques années, j’ai quitté Marseille pour m’installer dans un petit village de Haute-Provence. J’ai rencontré Pierre Lieutaghi, qui habitait à quelques rues de chez moi. De la découverte du monde infini de l’ethnobotanique, concentré dans le huis clos de sa véranda, est né mon désir de film.

Je suis allée le voir souvent, dans sa petite maison envahie d’objets, dans sa forêt de livres, et j’ai commencé à avoir envie de filmer ses papiers, ses cheveux, ses chemises, son regard qui s’allume soudain lorsqu’il s’amuse d’une idée qui passe. Son récit des relations entre le monde végétal et les sociétés humaines ouvre un espace de rêverie, de respiration. J’entre avec lui dans un monde où le regard porté, l’attention aux choses est le mouvement premier. Pierre cherche quelque chose, que nous cherchons tous, mais avec plus d’obstination, plus de précision.

Pierre Lieutaghi vit dans un village, mais il n’a pas vraiment de jardin : un petit triangle de cour, envahi par un néflier, où il ne va jamais. Il ne vit pas parmi les plantes, il vit avec les plantes, par le savoir et le langage. Il n’y a pas de mystique en lui, il ne croit pas à la vérité de la nature. C’est un naturaliste et un poète, énervé, contradictoire, inquiet. Avec l’aide des plantes, j’assemble le puzzle de son existence.

Bat Sheva Papillon

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RENCONTRE AVEC BAT SHEVA PAPILLON

 

Réalisatrice de films documentaires

 

En résidence au mois de juin et juillet, Yane Calovski a travaillé à partir du lieu, de l'usine dans laquelle nous sommes installé·es, et de ce qui s'y trouvait.

Son travail, fortement imprégné de la pensée de l'architecte Pascal Schöning, explore les récits, notamment à travers les archives historiques, et "propose des installations qui mettent en question la compréhension conventionnelle de l'histoire au travers des spécificités spatiales, contextuelles et matérielles.

En adoptant des éléments tels que la fragmentation, la discontinuité, la contingence, la multiplicité et les associations libres, je m'efforce de repenser et de redéfinir les concepts traditionnels d'archivage."

 

Ici, un meuble récupéré au fond d'une remise, sera l'objet d'une mise en récit de sa propre histoire. La transformation, la mise au jour et la poursuite de ce récit, sont autant d'actions qui nous forcent à "dématérialiser" cet objet, à le penser en dehors de lui-même d'une certain façon, et par là, à faire appel à notre capacité d'imagination.

 

Le texte « Manifeste pour une architecture cinématique », texte fondateur de Pascal Schöning, a été traduit de l'anglais au français pour la première fois en tant que « geste » de collaboration par Martine Aubert.

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RENCONTRE AVEC YANE CALOVSKI

 

Chercheur et artiste plasticien

​Anaïs Gournay et Louise Arcangioli sont venues travailler en juin et en août pour l'écriture d'une pièce destinée à l'itinérance, plus particulièrement dans les lycées.

Dans cette lecture, elles nous ont partagé pendant une vingtaine de minutes l’état de leur travail.

 

Une lecture à deux, alors qu’il y aura dans cette pièce trois personnages, et probablement une multitude de voix. Dans cette lecture lacunaire, l’idée est de faire entendre pour la première fois un morceau de cette histoire : elle s’appelle Cham, elle est serveuse et elle est seule, et cet été-là, où elle bosse pour financer ses études dans un bar un peu désert, elle commence à voir le monde et la société française sous un autre jour, elle a le temps de penser, et ses prises de conscience sur les questions politiques l’angoissent.

Anaïs Gournay

Une musique monte dans un café restaurant d’une ville moyenne sur le déclin. Pour le nom, on verra plus tard, notez ma foi que le bar semble anormal. Le lieu n’est pas spécialement moche, pas spécialement vieux. L’air semble pourtant nous cacher quelque chose, je l’affirme, souffler une atmosphère crispée, comme si nous arrivions juste avant la catastrophe. Tout est calme, toutefois personne ne semble s’apercevoir de ce dans quoi nous embarquons. Comme une mouche affolée dans un appartement endormi, une serveuse est affairée de part et d’autre. Elle sert des jus pressés minutes, des rafraîchissements, débarrasse les tables, ré-agence l’espace pour que tout tienne son ordre. Personne ne la voit mais tout le monde l’attend.

 

Extrait de la pièce Au bord de parler (titre provisoire)

En savoir plus sur Anaïs Gournay et Louise Arcangioli

LECTURE ANAÏS GOURNAY ET LOUISE ARCANGIOLI

 

Actrices, metteures en scène et co-fondatrices de la compagnie Contre-feu.

Fiction et cinéma direct -1975 / 18 minutes

Production UPCP-Métive Union pour la culture populaire en Poitou-Charentes et Vendée

Mutation des campagnes… Un raccourci de l’exode rurale ou l’histoire d’un mariage traditionnel en route vers le temps présent.
Un film conçu avec 25 jeunes du pays et réalisé avec 120 villageois de la région de Saint-Loup/Thouet (79).

Tout à la fois auteur, réalisateur, conseiller d’éducation populaire, artiste plasticien, scénariste, Pierre Gurgand (1937-2003) était pourtant le contraire d’un touche-à-tout. Pour chacun de ses projets, il s’installait durablement, plusieurs mois, plusieurs années, au milieu des gens avec qui il allait travailler. C’est ainsi que plusieurs générations d’étudiants, de militants associatifs, d’artistes, de producteurs, d’animateurs ont appris, avec lui, non seulement une technique mais bien plutôt un regard et une démarche de création donnant à voir la parole des gens.
 

UPCP-Métive (Union Pour la Culture Populaire en Poitou-Charentes et Vendée)

PROJECTION DU FILM PRÉAMBULE

 

Réalisation collective d’une équipe de l’UPCP-Métive (Union pour la culture populaire en Poitou-Charentes et Vendée) sous la conduite de PIERRE GURGAND

Crédit : UPCP-Métive (Union Pour la Culture Populaire en Poitou-Charentes et Vendée) - image extraite du film Préambule.

CONCERT NONOBSTHAN ORCHESTRA

 

Concert de musique en plein air pour clôturer la soirée.

Ce collectif de musicien·nes chanteur·ses propose un répertoire qui s'étend des Balkans à la Méditerranée jusqu'en Amérique Latine.

 

EN PARALLÈLE du programme de l'association, Jeroen Cremers, artiste permanent, a proposé une exposition qui rassemble plusieurs artistes.


EDEN

Finding order in chaos

Exposition collective

Commissariat Jeroen Cremers

Cette exposition présentera des dessins, de la peinture, des sculptures et des installations.

 

Avec

Nandor Angstenberger, Peter Böhnisch, Joanna Buchowska, Volkan Diyaroglu, Wolfgang Flad, Jay Gard, Julia Kissinger, Kai Richter, Caro Suerkemper, Sophia Schama

Télécharger le texte de présentation de l'exposition

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OUVERTURE DE L'ATELIER DE JEROEN CREMERS

REMERCIEMENTS

 

L'association facteur de ciel remercie les Ateliers Lorin qui nous permettent de mener à bien nos actions chaque année, les donateur·ices qui nous aident par leur soutien, ainsi que tous et toutes les bénévoles sans qui cette journée ne pourrait avoir lieu.

 

MERCI !

 

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